Sans titre et beaucoup de noms

Projet personnel, 2025.

On me représente,

j’incarne la fertilité.

Mes formes opulentes et mes hanches larges témoignent de ma capacité à recevoir la vie, à l’abriter et mettre au monde.

Mes seins, généreux, sont capables de nourrir les bouches qui composent l’espèce dont je suis issue, à laquelle j’appartiens et dont j’assure aussi la descendance.

Je suis la Vénus de Willendorf. Le matériau utilisé pour me fabriquer est un type de calcaire. Je date du Paléolithique, dit-on.

En 2025, sans cavernes, ni haches de pierre, certains cherchent encore la Vénus de Willendorf et voudraient la marier, mais sans les kilos dits « superflus », plutôt docile, voir soumise. 

Mon corps, fait corps avec tous les corps, Vénus, Lucie, Beyonce ou Beth Ditto, et les millions de noms qui m’ont été donnés.

Mon corps, est eau, chair, osseux, fibreux, minéral, oxygéné

Mon corps est mon véhicule, il m’appartient.

Mon corps se reproduit et se reflète dans une myriade de formes

Toutes aussi vivantes et belles les unes que les autres.

Je suis fertile car j’ai appris la douceur et l’amour,

Je suis nourricière, guerrière, travailleuse.

Je cherche à m’émanciper et briser les multiples chaînes qui entravent ma lumière.

La scène doit être partagée, j’aime danser.

Pour que l’union, forcée un nombre incalculable de fois, soit, je me suis reniée.

Quand on me bénie, c’est sous l’œil d’une vierge qui a enfanté et d’une trinité masculine.

Et on me veut pute sans salaire, sainte, mère, tout en étant objet de désir. Je suis peut-être tout ça.

Aujourd’hui j’élève ma voix si on me bafoue, j’ose dire non, j’ose dire merde et je réclame mes droits

Comme co-actrice de cette beauté, chaotique parfois, qui nous conforment comme espèce humaine.

De nombreux chants s’entendent à chaque point cardinal.

Dénoncer l’oppression et les inégalités inhérentes à un système construit par et pour les hommes.

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