Chroniques'Art

Les chroniques ci-dessous sont des partages ponctuels autour d’expositions que j’ai eu l’occasion de voir à Paris.

Elles ont été diffusées dans leur plus grande partie sur la chaîne Radio Roue Libre de l’association des paralysés de France (APF) à travers la plateforme Twitch, un mercredi par mois dans le cadre d’une émission culturelle  « Accès libre ».

Mon souhait est dans ce cadre, de contribuer à la diffusion de la culture artistique, en essayant à ma manière de la rendre un peu plus accessible. Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer, donner envie à ceux qui peuvent y aller, et sensibiliser à la culture de manière générale. De la culture plus largement, car découvrir une œuvre d’art, c’est découvrir une histoire, un contexte historique, social, artistique, un(e) artiste, une subjectivité, un lieu, des expériences, une technique, de la matière, des couleurs, des expressions, des choix et surement bien d’autres choses, la liste doit être très longue… 🙂

La webographie se trouve en fin de page.

Spécimen : "My left foot", DIY et pouvoir de l'art

Lors de notre dernière rencontre, je vous ai présenté l’exposition consacrée à l’artiste Frida Kahlo.
La même exposition et l’histoire de l’artiste m’ont permis d’aborder le thème du handicap et de l’expression artistique. Quel espace que l’expression artistique, la possibilité de s’exprimer, avec les outils existants ou par l’adaptation nécessaire parfois de certains outils, en lien au handicap de la personne…

Afin de continuer d’explorer cela pour la dernière émission, je vais vous parler d’un film du 20e siècle, My left foot. Sur youtube, le film est en version originale non soustitrée, je vous laisse le soin de trouver les sous-titres ou la version Française, ou l’emprunter en médiathèque.
My left Foot, film réalisé par Jim Sheridan, et sortie en salle en 1990, c’est une adaptation du roman autobiographique de Christy Brown, publié en 1954.
Vous pourrez voir un extrait ici :
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19572488&cfilm=34581.html
Retrouvez le lien vers la version originale non sous-titrée :
https://www.youtube.com/watch?v=qE22_RW9i-M

Ce film retrace la vie de Christy Brown, un artiste peintre Irlandais né en 1932 à Dublin. La personne de Christy Brown est interprété par l’excellent acteur Daniel Day-Lewis plusieurs fois récompensé pour son jeu d’acteur, et notamment pour sa participation au film My Left Foot.
Le pitch est le suivant :
Christy Brown est né dans des conditions compliquées, et se trouve atteint de paralysie. On lui attribue très jeune, un handicap mental qu’il n’a pas, mais qu’il ne peut clarifier, faute de pouvoir parler et s’exprimer d’une manière ou d’une autre.
Il grandi dans une famille nombreuse et une fratrie bienveillante, avec une mère présente et aimante, qui croit secrètement aux possibilités de développement de son fils. Et en effet, un évènement va permettre de révéler à la famille que le jeune garçon Christy peut écrire, lire et comprend ce qu’il se dit autour de lui.
Christy est doué d’intelligence et pas que, et ce film nous permet de le découvrir.
C’est l’usage de son pied gauche qui va lui permettre de s’exprimer pour écrire et puis pour peindre.
On suit son développement jusqu’à sa vie d’adulte, d’homme et d’artiste.
Les thèmes abordés autour de la biographie de cet artiste en situation de handicap  sont aussi l’amour, la sexualité ou l’absence de sexualité, l’isolement lié au handicap, la dépression, la résilience, le pouvoir de l’art, bref des choses très intéressantes, vous l’aurez compris.

Focus sur L’expression artistique et le handicap.
Je crois, quand on a besoin de s’exprimer, et que l’on est limité dans les formes dites « normales », il est important d’aller chercher son espace d’expression et de se faire aider si cela est nécessaire, pour le trouver.
Car on a tous besoin de s’exprimer, que ce soit à travers une pratique artistique, intellectuelle, autour du jeu, du sport ou d’une activité manuelle quand cela est possible.
Je pense par exemple à la possibilité de faire de la musique avec un handicap physique lourd, avec l’aide des technologies d’assistance visuelles comme il en existe (EyeHarp), qui s’associe aux trackers oculaires et de tête afin que les joueurs puissent contrôler les mélodies, y compris les accords, mais aussi les arpèges et la hauteur, avec le plus petit des mouvements. Cette fonctionnalité rend ce système accessible aux joueurs souffrant de toutes sortes de handicaps physiques et mentaux, dans les contextes de thérapie, d’enseignement et de performance.
Je vous partage quelques liens pour en savoir plus sur le sujet et faire vos propres recherches aussi.
https://www.handroit.com/2021-08-eyeharp-un-logiciel-de-musique-controle-par-leregard.htm
https://www.soundonsound.com/techniques/music-technology-special-needs-part-1
https://www.electronicbeats.net/creating-music-disabilities/
https://www.disabilityartsinternational.org/resources/three-adventures-in-accessiblemusic-technology-amt/
D’ailleurs j’ai découvert un artiste japonais, dj de musique électronique, lors d’un Hackaton* à Tokyo au Japon, en mai 2023 ou je n’étais pas présente mais je me permets de lire un extrait de l’article publié le 23 mai 2023 par Cherise Fong dans le magazine web Makery.info
*Hackaton : processus créatif, très utilisé dans le domaine de l’innovation numérique, qui consiste à faire travailler ensemble et sans interruption des volontaires sur une durée de 24 à 48 heures environ, dans le but de faire émerger des idées novatrices.

« FABRIKARIUM TYO 2023. Ils sont tous plantés face au grand écran quand la musique commence. Au début, c’est une douce percussion qui s’empare de la salle obscure. Puis un joueur de contrebasse se joint au live jam sur scène, pendant que derrière lui l’écran s’anime d’images psychédéliques. Peu à peu, les spectateurs lèvent les bras et les agitent en l’air, le rythme synchrone de leurs mouvements, activant de petites lampes bleues suspendues au-dessus de leurs têtes.
À l’écran, un insert vidéo en direct capture l’ambiance sur scène, ainsi que le visage de l’artiste, qui orchestre en virtuose cet « Eye Show » extraordinaire. C’est DJ Kajiyama, atteint de dystrophie musculaire grave depuis son adolescence, mais qui depuis son fauteuil roulant a déjà l’habitude de piloter des dispositifs musicaux, des jeux vidéo et même des drones en utilisant son pouce gauche, ses deux grands orteils, ses  joues et le mouvement de ses yeux. DJ Kajiyama est accompagné d’une équipe de vidéastes et de musiciens, d’ingénieurs du son et de l’image et de l’intelligence artificielle. »

Les machines du DJ ont été adaptées pour que l’artiste puisse interagir avec, en fonction de ces possibilités. Depuis quelques années, ces aménagements spécifiques sont souvent réalisées dans des Fablab* ou Human Lab*, par des bénévoles et un porteur de projet qui est la personne concernée par le handicap ou un représentant de la personne en situation de handicap.
*Fablab : Atelier ouvert au public, équipé d’outils de fabrication standards et numériques (découpe du bois et du métal, imprimante 3D, etc.), permettant à chacun, seul ou en groupe, de concevoir et réaliser des objets.
*Humanlab : est un lieu de sociabilité, d’entraide et de créativité dédié à la réalisation d’aides techniques aux handicaps.
Enfin, pour les personnes plus affines avec l’expression visuelle peut-être qu’avec la commande oculaire sur ordinateur qui fonctionne comme une souris, il existe aussi la possibilité théorique, pour le moins, de tirer des traits, dessiner, décalquer peut-être, découper des formes qui sait, et copier/ coller des éléments pour faire une composition  soi-même. A vous de faire l’investigation si le thème vous intéresse.

Dans mon cas, j’aime faire de la photographie et dessiner, et avec le temps ma main à 5 doigts, d’usage est un peu esquintée, douloureuse et j’ai du cherché moi aussi des solutions.
Je suis passé de l’appareil photo pro avec objectifs à un smartphone, et pour dessiner, j’ai contacté une association spécialisée dans la fabrication d’outils pour personnes en situation de handicap. J’ai porté un projet qui m’a permis de faire fabriquer un outil qui m’aide à prendre le relais avec ma main handicapée, pour prendre un stylo, un feutre ou pinceau, des couverts pour manger, une brosse à cheveux et une brosse à dents.
Cette association s’appelle My Human Kit, basée à Rennes, et propose toutes les
ressources des projets réalisés en open source et accès libre sur leur Wikipedia.
https://wikilab.myhumankit.org/index.php?title=Galerie:Projets
Il y a d’autres associations en France réparties sur le territoire, de type Fablab ou HumanLab.
Enfin pour clôturer, pour les personnes qui aime l’art contemporain, le street art, et la musique, ne manquez pas L’exposition Basquiat Soundtracks à la Cité de la Musique, Philarmonie de Paris, une exposition qui explore la relation que l’artiste peintre afro américain Jean Michel Basquiat entretenait avec la musique.
C’est accessible aux PMR, avec gratuité sur présentation de justificatif, et c’est jusqu’au 23 juillet 2023.
https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/exposition/24617-basquiat-soundtracks
Enfin retrouvez toutes les informations pour les expositions de l’été sur ce site :
https://www.exposition-paris.info/expositions/expos-en-ce-moment-a-paris/page/5/
Vous verrez, les sorties culturelles ne manquent pas dans les endroits accessibles aux PMR, et n’oubliez pas, vous pouvez bénéficier de la gratuité en lien à votre handicap, sur présentation d’un justificatif. Toujours vérifier sur le site web du musée directement, si une réservation  préalable est nécessaire.
Infos – rappel :
Le centre Beaubourg est accessible, mais aussi le musée d’Orsay, le Palais de la mode, le  musée des arts décoratifs et d’autres encore, sont accessibles.
Profitez bien de l’été toute la culture que peut vous donner Paris et ses alentours.

"Frida Kahlo, au-delà des apparences"

Lien : https://www.palaisgalliera.paris.fr/fr/expositions/frida-kahlo-au-dela-des-apparences

Dates : du 15.09.2022 au 05.03.2023

Lieu : Palais Galliera

Je ne pouvais pas laisser passer l’occasion de parler d’une artiste dont l’image est devenue, iconique au cours du temps, j’ai nommé, Frida Kahlo, une personne fascinante je trouve, autant pour sa vie d’artiste que sa vie de femme.

Donc je me suis rendue voir cette exposition proposée au musée de la Mode à Paris, dans le Palais Galliera. Frida Kahlo, au-delà des apparences.

Alors non, ce n’est pas qu’une suite d’objets, de costumes et d’informations biographiques, comme je le craignais j’avoue : chaque salle, ou micro-espace, propose de découvrir une dimension de l’artiste.

L’exposition nous accueille avec une vidéo ou l’on voit Frida Kahlo, dans une robe et quelques fleurs qui rappellent le motif de celle-ci, le mur bleu de la « casa Azul » ou elle a grandi et vécut une grande partie de sa vie.

La première partie de l’exposition est une biographie de l’artiste documentée ou on y découvre des photos de famille, un arbre généalogique qui nous permet de comprendre d’où vient Frida kahlo qui se considère comme un mélange, elle-même dira  » i am a mixture » > Je suis un mélange.

On apprend son premier lien avec la photographie ?

Son violent accident,

Son début avec la peinture,

Sa personnalité qui se dessine et s’affirme,

Frida vue par la photographe Gisèle Freund,

Sa rencontre avec Diego,

L’amour,

Le sacré,

La liberté,

La recherche autour du genre en tant que femme,

Son goût pour la culture pré hispanique et ses sculptures,

L’engagement politique – son lien avec le communisme dans le couple Kahlo/Rivera, et leur « amitié » avec Trotski,

Ses liens avec les Surréalistes en France comme André Breton,

Un film qui nous permet de visiter la Casa Azul et de voir Diego Rivera et Frida kahlo dans le jardin.

On découvre son affection pour les peintures votives qui sont des peintures réalisées en mémoire et remerciement d’un miracle ou d’une faveur divine. Mais surtout on peut y voir une partie de sa collection que l’artiste s’est constituée au cours du temps et j’ai trouvé ces peintures particulièrement touchantes.

On découvre des archives, des photos, des œuvres, des objets. Et on ne s’ennuie pas.

Puis, on arrive dans un autre espace, intermédiaire, important, une grande salle rectangulaire nous accueille. L’on y découvre des appareils médicaux et orthopédiques que l’artiste portait dans le cadre de son handicap, conséquences de son accident et de la poliomyélite. Principalement des corsets dont elle peindra certains, et des prothèses pour sa jambe atrophiée ;

Je trouve que ce n’est pas de trop que de montrer tout cela car, ces appareils ont accompagné une grande partie de sa vie, c’est une femme artiste qui a dû vivre avec son handicap, et a su s’affirmer et se présenter au monde, se mettre en scène de manière subtile avec tout ce qui la constituait.

Pour ma part c’est la première fois que je visite une exposition artistique ou le handicap et ses appareils orthopédiques s’invitent et cela a du sens. Art et matière…

Puis nous arrivons dans la grande salle des tenues et œuvres de l’artiste.

Les robes traditionnelles, que Frida Kahlo a porté une grande partie de sa vie, constituent en soi un symbole très important, de son univers esthétique mais aussi de sa manière de se présenter au monde, d’intégrer son handicap et son corset dans son habit, mais aussi de revendiquer ses racines culturelles et son identité propre en tant que femme et artiste.

Vous pourrez donc y voir de nombreuses pièces appartenant à la garde-robe de l’artiste soigneusement conservés à la demande de son mari, dont le traditionnel costume de Tehuana, issue d’une communauté de l’isthme de Tehuantepec, dans la région de Oaxaca au Mexique, dont la mère de Frida était originaire.

Sa particularité, sont les motifs floraux qui se concentrent sur la partie supérieure du costume de Tehuana.

Cette tenue est une sorte de fil conducteur, l’univers que l’artiste tisse tout au long de sa vie, un monde organique, un monde sacré, un monde de terre, composé d’un monde végétal luxuriant comme il en existe dans certaines régions du continent américain, des couleurs et des motifs floraux de ces costumes traditionnels que l’artiste a porté tout au long de sa vie, cet ensemble exprime son attachement à la culture mexicaine, qui est d’ailleurs un lien profond entre elle et Diego Rivera.

On découvre également Frida Kahlo à travers d’autres portraits photographiques réalisées par Gisèle Freund et la série de portraits en couleur réalisés par le photographe Nickolas Murray, que j’ai trouvé magnifique.

Enfin, et fait non moins important, nous retrouvons dans cette exposition certaines œuvres de Frida Kahlo au fusain et crayon, comme l’autoportrait « les apparences sont trompeuses », l’œuvre « Ma robe est suspendue là-bas » combinaison de peinture à l’huile et collage, une photographie en très haute résolution de la peinture « Ce que l’eau m’a donné », « Le portrait de Lucha Maria, une fille de Tehuacan ou le soleil et la lune » et quelques autres autoportraits.

J’ai trouvé que c’était une exposition riche à plus d’un titre, car si on connaît déjà certains éléments, on en découvre d’autres intéressants. Et pour un spectateur curieux qui n’ira pas au Mexique visiter la casa Azul de Frida Kahlo ou lire une biographie sur l’artiste, je trouve que ça vaut le détour.

Enfin, l’exposition sur Frida Kahlo, montre tout un tas de choses. Être une femme, être une femme artiste, être la femme d’un artiste imposant, être une femme Mexicaine au début du 20e siècle, être une femme enfant du métissage, dont les racines sont celles des peuples autochtones, et son présent qui est à la révolution d’un côté, et aux grandes tours Rockefeller de l’autre côté de la frontière, être une femme dont le corps a été abîmé dès le plus jeune âge ce qui a traversé, affecté sa vie, sa marche…

Nous sommes bien esprit et matière, et notre corps est histoire, il est intimement lié à notre vie, que l’on veuille ou non. Et si notre corps n’est pas une fin, c’est celui que nous habitons pour vivre.

Quand on dit qu’il est difficile de séparer l’œuvre et la vie de l’artiste, je crois que c’est vrai en général, car un artiste c’est une conscience, une âme qui s’exprime. d’autant plus dans l’œuvre de Frida Kahlo ou son corps lui permet et l’empêche, et dont l’amour et la peinture semblent aussi lui transcender aussi ce corset physique. Et ainsi partager sa sensibilité, son regard sur le monde à travers des œuvres picturales souvent intenses. André Breton dira de l’art de Frida Khalo que « c’est une bombe avec un ruban autour ».

Je vais à ce propos, vous parler de l’une des œuvres de l’artiste présentée à l’exposition.

Focus sur une œuvre :

https://fr.wahooart.com/@@/8CEFGY-Frida-Kahlo-ma-robe-est-suspendue

Ma robe est suspendue là-bas

Frida Kahlo – peinture à l’huile et collage – 46 x 55 cm – 1933

Que voit-on ?

On voit un paysage urbain bien connu qui représente New York : avec une barre d’immeubles s’élançant dans le ciel, une église rattachée à un édifice public par une ficelle rouge, un environnement industriel, l’ile de Manhattan, la statue de la Liberté, et une multitude d’éléments au premier plan, dont au centre une robe de type mexicaine.

Alors quels sont ces éléments qui se détachent de la scène par leur taille notamment ? en lisant l’image de gauche à droite, les objets qui ressortent, sont une affiche déchirée par endroits de Mae West, une actrice sulfureuse new-yorkaise de l’époque, une cuvette de toilettes, un téléphone, un costume de Tehuana, symbole de son identité et ses racines, étendu sur un fil relié entre 2 colonnes un trophée, une horloge, un macaron de l’étoile de la compagnie pétrolière Texaco, et sa pompe à essence, et en dessous comme un baril rempli d’habits féminin de type occidental et avec objets peut-être.

Au pied de ces objets qui ont des taille XXL, dans la partie inferieure gauche du tableau, on voit un incendie sur un édifice de type classique a colonnes, puis un assemblage d’images découpés et collées ou l’on voit une sorte de muraille humaine, un pont, de la matière minérale.

Le spectateur est projeté dans un univers à la fois sobre et structuré et irréel.

Côté couleurs la scène est dominée par :

– des touches de rouges orangés depuis l’incendie en bas à droite, la robe de l’actrice, la ficelle rouge, les éléments de Texaco, un immeuble et le ventre du bateau au loin.

–  le gris minéral des édifices et du sol

– L’océan est d’un bleu verdâtre

– et un ciel nuageux qui laisse au loin des échappées bleues.

Alors comment peut-on comprendre cette scène ?

Avec quelques indices biographiques…

Un voyage aux États-Unis pour le couple Diego Rivera et Frida Kahlo qui s’organise autour de commandes faites au déjà célèbre Diego Rivera, dont une fresque pour le Rockefeller Center á New-York. Lui plutôt fasciné par Les États-Unis, semble apprécier cette expérience, alors que pour Frida Khalo, cela apparait comme une éprouvant et difficile pour plusieurs raisons.

Alors que Frida souhaite rentrer au Méxique, Diego Rivera réalise une fresque sur le progrès industriel pour le Rockfeller Center.

Dans cette peinture, la robe de Frida Kahlo est étendue sur un fil et comme balayé et exposé aux vents, entre le Mexique ses origines, et New York Les États-Unis, la terre qui reçoit le couple et qu’elle veut quitter. De ses dires, elle ne sent pas à l’aise avec la société américaine qu’elle rencontre, ni leur mode de vie.

Enfin, selon la vision de l’artiste, qui est plus proche idéologiquement de Trotski que de la famille Rockefeller ou du Taylorisme, on peut aussi y voir une représentation critique du capitalisme américain, remplie de symboles de la société industrielle américaine moderne, ou la nature disparaît, ou les valeurs attachées à la matière sont explicites, et ou l’humain semble devenir une fourmi dans un vaste ensemble de constructions.

En savoir Plus :

Documentaire

Et si vous voulez vous faire une petite échappée sur le sujet. Retrouvez sur Arte jusqu’au 28 février un documentaire intitulé « Chez Frida kahlo » avec de chouettes archives audiovisuelles :

Durée : 54 min

Disponible jusqu’au 28/02/2023

Lien : https://www.arte.tv/fr/videos/044588-000-A/chez-frida-kahlo/

« Située dans le quartier Coyoacan dans la banlieue de Mexico, la Maison bleue fut un lieu de naissance et de mort, de plaisirs et de douleurs, de création et de séparation pour la peintre mexicaine Frida Kahlo (1907-1954) » Arte.

Lecture :

Diego et Frida de J.M.G. Le Clézio

Frida : biographie de Frida Kahlo  de Hayden Herrera

Site web :

https://artsandculture.google.com/story/rAUBPDLcNAzkJA?hl=fr

"Années 80 Mode, design et graphisme en France "

Lien : https://madparis.fr/ExpoAnnees80

Dates : du 13 octobre 2022 au 16 avril 2023

Lieu : Musée des Arts Décoratifs

Accessibilité : site accessible aux personnes à mobilité réduite > https://madparis.fr/Publics-en-situation-de-handicap

Nous partons dans le prestigieux quartier Louvre Rivoli, à quelques mètres du jardin des Tuileries, pour nous rendre sur un beau site, au Musée des Arts décoratifs de Paris, situé dans l’aile Marsan du Musée du Louvre.

Sans équivoque, on est accueilli avec une photo en très grand format du président Mitterrand, avec le slogan la force tranquille, car les années 80 c’est les années Mitterrand, avec le parti socialiste au pouvoir.

Puis on rentre dans une salle, et comme pour nous resituer tout de suite dans l’époque et ces évènements majeurs, on découvre une fresque avec une sélection de couvertures du journal quotidien Libération ou l’on voit par exemple l’abolition de la peine de mort, l’apparition du sida, Tchernobyl, le procès de Claus Barbie… ; puis des affiches d’époque du parti socialiste assez surprenantes parfois.

Côté graphisme, c’est une riche époque car le graphisme et la typographie deviennent des disciplines à part entière soutenu par l’état et la politique de Jack Lang, alors ministre de la Culture. Le graphisme est alors au service « du service public ».

Vous retrouverez dans l’exposition l’identité visuelle du Louvre et de la Villette, les campagnes de sensibilisation au VIH, des affiches de Grapus, de Alain le Quernec.

Côté art, C’est aussi Speedy Grafito et le début du street art en France, Keith Haring aux Etats-Unis.

Mais les années 80, c’est aussi le début de la communication globale, et ça prend plusieurs formes :

C’est l’âge d’or de la publicité car c’est la libéralisation de l’audiovisuel, avec la fin du monopole de l’Etat tant pour la radio-diffusion que pour l’audiovisuel.

La communication des marques évolue avec des campagnes publicitaires audiovisuelles qui se multiplient, des images et des textes qui deviennent accroches, slogans, et le citoyen un consommateur potentiel dans un univers de marques.

Avec l’aide du talent créatif de certains comme Jean Paul Goude, Jean Baptiste Mondino, Etienne Chatilliez, certaines marques s’offrent des espaces de communication avec des messages publicitaires créatifs et détonnants.

Dans ce contexte, cette ouverture des marchés de l’audiovisuel permet l’apparition de chaînes de télé comme Canal Plus, M6, ou la privatisation de TF1.

Vous verrez à ce propos des films publicitaires bien connus des années 80 pour différentes marques représentatives de ces années-là :

Je vous recommande les films publicitaires pour une eau pétillante de nom français bien connue, et une certaine éponge qui gratte par Jean baptiste Mondino 1984, https://www.youtube.com/watch?v=sfqeJQj6sbI , ou le pantalon jean vu par Jean Paul Goude en 1985.

C’est vrai que l’on ressent une forme de libéralisation de la pensée, héritière indirecte des années 68 aussi surement, et une liberté d’expression propre à cette époque.

D’ailleurs, les années 80, et à Paris en particulier, carrefour des mille et une cultures, c’est aussi la contre-culture, et l’exposition nous permet de le saisir aussi. La vie nocturne avec les fêtes folles du mythique lieu, le Palace ou l’on voit différentes photos de soirées avec ses célébrités mais aussi à la discothèque La Java avec une série de photographie en noir et blanc.

Pause musique aussi, avec la pop et le rock, le label indépendant New Rose, les vidéo-clips et les pochettes de disc à l’esthétisme 80.

On peut voir sur un mur des clips projetés de :

Niagara…Soleil d’hiver. Parlez-moi d’amour

Téléphone. Je rêvai d’un autre monde.

Alain Bashung…L’arrivée du Tour.

Étienne Daho. Weekend à Rome.

Eli Medeiros et d’autres artistes…

On peut aussi voir un patchwork de pochettes de disques 33 tours, et côté design graphique c’est vraiment intéressant.

Autre aspect des années 80, C’est le Design mobilier et vous ne serez pas déçu.

D’abord on découvre du mobilier de l’Élysée, réalisé par cinq designers contemporain connus. A la demande du président Mitterrand afin de moderniser le mobilier du palais présidentiel. On peut voir le fauteuil club Richard III de Phillipe Starck et le fauteuil the Mesh Chair, la Chauffeuse de Annie Tribel, ou le paravent en bois de Marc Held que je trouve magnifique.

Dans la halle principale on retrouve les créations de designers du groupe lyonnais Totem, les créations des galeries Néotu, Perkal, le meuble étagère de Martin Szekely, ou les chaises empilables de Sylvain Dubuisson.

Enfin, thème non moins important, la mode !!! et le Look année 80 vaut le détour. Ça se réparti en plusieurs sections comme le Prêt à porter, la Haute couture et la mode pour tous.

On ne s’étonne pas de retrouver des créations de Thierry Mugler, la robe en jean de Azzedine Alaia, gagnant du prix spécial du jury Yves Saint Laurent, que j’aimerai bien avoir dans ma garde-robe, tout comme son tailleur jupe en cuir.

On voit aussi le super Kway pour deux, qui est un double poncho du créateur Castelbajac, pour la marque Kway, l’ensemble de Sybilla Sorrondo en laine, le manteau et l’ensemble deux pièces de Elisabeth de Senneville, ou encore la robe en laine et cuir de Anne Marie Beretta.

Mais c’est aussi la Haute Couture avec pour moi le clou du spectacle, je ne le cache pas, les créations de Jean Paul Gaultier, et de Christian Lacroix, avec son ensemble deux pièces coloré que je trouve magnifique.

Et question habillage on n’en reste pas là, car c’est aussi l’époque de la démocratisation de la mode. Côté prêt-à-porter, les designs sont réalisés par des couturiers, comme Agnès B ou François Marithé Girbaud, et apparaissent des marques plus accessibles économiquement comme Naf naf ou Kookai. C’est « la mode pour tous ».

A la fin de l’exposition, on retrouve la projection d’un extrait du défilé du bicentenaire de la Révolution française dont la direction artistique a été réalisée par Jean Paul Goude.

Je suis née en 1980 et en visitant cette exposition, j’ai eu l’impression de prendre un bain dans l’eau culturelle de mon enfance, et de la regarder avec la distance de la quarantaine, en 2023. Je crois que c’est une exposition qui vaut le détour, autant pour celles et ceux nés à cette époque que pour la jeune génération. Ce sont les prémisses du monde qu’ils connaissent aujourd’hui dont certains codes perdurent ou sont réutilisés et pimpées 2020. Cela donne des repères chronologiques de la culture, comme les débuts du mass media, du marketing à gogo etc. Un citoyen qui devient de plus en plus consommateur dans un monde foisonnant d’images, à messages divers et variés, dans l’avant cour du marketing et du neuromarketing d’aujourd’hui.

Communication, Art, Politique, Design, Mode, une visite riche dans ces années 80, dont j’ai apprécié le parcours et le voyage temporel. Cela m’a aussi fait réfléchir sur mon rapport à la culture, à ma subjectivité, et à l’effet du temps.

N’hésitez pas à venir avec du temps afin de profiter des autres expositions proposées par le Musée des Arts Décoratifs.

Vous pouvez écouter sur Radio France un programme sur l’exposition.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/annees-80-un-heritage-esthetique-et-eclectique-pour-le-monde-contemporain-au-musee-des-arts-decoratifs-6800852

"Face au Soleil - un astre dans les arts."

Affiche de l'exposition Face au soleil un astre dans les arts

Chers internautes, nous partons nous réchauffer le cœur et le corps, prendre un bain de lumière (en hiver il paraît que ça fait du bien) au musée Marmottan Monet, avec l’exposition « Face au soleil – un astre dans les arts».

Lien:https://www.marmottan.fr/expositions/face-au-soleil/

Dates : Jusqu’au 29 janvier 2023.

C’est à travers le regard de célèbres artistes comme Albrecht Dürer, Monet, Rubens, Turner, Derain, Sonia Delaunay (une des rares artistes femmes représentées d’ailleurs), Calder, Miro et d’autres, que vous voyagerez dans ce parcours thématique autour du soleil et ses 150 œuvres qui y sont présentées.
Et petite précision, ce qui est intéressant dans l’exposition, en plus de voir des chefs-d’œuvre, c’est que l’on peut suivre l’évolution des connaissances des phénomènes astronomiques et météorologiques et donc les évolutions de la conception du monde, qui influence bien sûr les artistes et leur manière de représenter le monde.

Dans cette exposition j’ai trouvé qu’il y avait des expériences visuelles exquises sous forme de voyages dans la nature.

Je pense par exemple dans la première salle au « Paysage à l’oiseleur » du peintre Rubens, une huile sur bois peinte vers 1635. https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/joconde/000PE008792

Il y a comme plusieurs scènes dans ce paysage et un subtil dégradé de couleur qui va de gauche à droite de la toile au niveau du ciel. La lumière vient aussi se déposer sur les ailes du moulin et sur le cours d’eau avec la barque plus bas dans la toile. Observez comme la cime des arbres est aérienne. On imagine le bruissement,  l’air du lieu et on en oublie presque les 2 personnages au premier plan.

Plus d’un siècle après, on découvre Port au soleil levant, une œuvre de l’Atelier de Claude Joseph Vernet, huile sur toile de 1760, https://www.dulwichpicturegallery.org.uk/explore-the-collection/251-300/seaport-at-sunrise-morning/.

Observez le rendu et la représentation de la qualité physique de la lumière :

– Comment la lumière du soleil se diffuse sous le voile nuageux, qui vient se refléter sur l’eau de manière hétérogène.

– Sur les 3 personnages sur la pointe du rocher.

– En bas à gauche du tableau, la lumière d’un feu où l’on retrouve un groupe de personnes autour, certainement en train de préparer à manger.

Vers 1809 l’artiste William Turner peint « Le soleil couchant à travers la vapeur ». https://barber.org.uk/joseph-mallord-william-turner-1775-1851/ . Une autre étape dans la représentation de la lumière liée à l’avancée des nouvelles connaissances sur la lumière, le soleil et ses rayons. Regardez l’aspect du ciel, et comment l’eau et le sable finissent presque par se fondre subtilement.

Vous pourrez également contempler des œuvres de Caspar David Friedrich, un peintre romantique allemand, ou la lumière prend une dimension mystique comme dans Croix dans les bois, une huile sur toile réalisée vers 1812.

Vous retrouverez une autre œuvre célèbre sur ce thème et épicentre de l’exposition, c’est Impression soleil levant de Claude Monet, https://www.marmottan.fr/notice/4014/ . Peinte en 1872, cette huile sur toile représente un paysage portuaire du Havre, entre ciel et eau avec le soleil orange, tout cela dans une brume matinale et dans une vision impressionniste de cette lumière. En effet Claude Monet ne cherche pas à représenter de manière fidèle la réalité mais l’impression que lui inspire ce paysage dans ce moment. Cette œuvre issue de la collection du Musée du Marmottan est l’épicentre de cette exposition d’ailleurs.

Puis la couleur devient intense, s’éloigne de la représentation, est plus contrastée. Dans l’œuvre Big Ben de André Derain, la célèbre tour horloge de Londres  apparait avec un soleil éclatant jusqu’à son reflet dans l’eau, le tout dans un ciel surréaliste d’un bleu intense allant jusqu’au vert d’eau, https://arthive.com/fr/andrederain/works /517567~Big_Ben .

Pour ma part, j’ai aussi rencontré le Soleil émouvant et paisible dans le soleil couchant de Gustave Courbet; irradiant dans l’œuvre de Munch, le soleil, une huile sur toile de 1910-1913. Presque lunaire dans la peinture coucher de soleil bleu de Anna Ancher. Je l’ai vu s’embraser le ciel, d’orange, dans une peinture de Félix Vallotton une huile sur toile datant de 1910. Mais aussi divin dans l’œuvre de Maurice Denis Saint François d’assise recevant les stigmates, une huile sur panneau de 1904. Peut-être vous le rencontrerez éblouissant, le soleil, dans la peinture de Albert Trachsel, appelé Soleil, datant de 1909? Je l’ai rencontré éclipsé le soleil, dans une œuvre de J. Manais avec le titre Éclipse solaire, un pastel sur papier de 1919. Et enfin totalement irradiant dans l’œuvre Golden Center de Richard Pousette-Dart, une huile sur toile de 1964 https://artvisions.fr/wp-content/uploads/2022/07/27.richard_poussette_dart_golden_center1-scaled.jpg

C’est une belle balade que ce voyage artistique autour du Soleil.

Focus sur une œuvre :

Pour finir dans cette ambiance lumineuse, aujourd’hui j’ai choisi de vous parler d’une œuvre de Paul Signac Le Port au soleil couchant, opus 236 (Saint-Tropez), une huile sur toile de 1892, que vous retrouverez dans l’exposition.

https://sammlung.museum-barberini.de/en/MB-Sig-03_paul-signac-the-port-at-sunset-opus-236-saint-tropez .

Comme vous le voyez dans cette œuvre, il est question de ciel, de terre, d’eau de mer, de voiles et d’humains. On reconnaît un port au soleil couchant avec ses bateaux, la montagne au loin, le tout baigné dans une lumière chaude. C’est le port de Saint Tropez, fin 19e, un endroit de la côte d’azur paisible et encore sauvage par endroits. Non ce n’est pas le Saint Tropez d’aujourd’hui…

Tout est tranquille mais on est emporté par l’intensité des couleurs.

Une atmosphère chaleureuse et enveloppante comme la chaleur du soleil en fin de journée se dégage de ce paysage habité principalement par des jaunes et bleus.

La côte, les voiles, les arbres et le sol au pied du peintre contrastent fortement avec le jaune orangé du ciel et de son reflet dans l’eau, ou l’on retrouve subtilement l’ombre portée des voiles du bateau au premier plan.

La peinture vibre et nous rend toutes les émotions que provoque la vision de l’ensemble baigné de lumière.

Vibrant oui c’est bien cela, vibrant. Et cela est dû notamment à la technique employée par Paul Signac. Si vous zoomez dans l’image, https://www.christies.com/en/lot/lot-6190915 , on voit nettement les coups de pinceau en points séparés où rapprochés. Les éléments représentés, comme de la mosaïque, sont fragmentés, mais l’œil et le cerveau reconstituent l’ensemble.

A ce propos, cette œuvre est considérée comme sa première œuvre pointilliste. Et le pointillisme, c’est un courant pictural dont la technique consiste en l’apposition de petits points qui sont accolés et de couleur complémentaire où contrastée.

L’œuvre de Signac a été influencé par les travaux du chimiste Michel Eugène Chevreul qui énonça la loi du contraste simultané des couleurs, https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_du_contraste_simultan%C3%A9_des_couleurs .

Héritier de l’impressionnisme, Signac aime les scènes en plein air. Il est à l’origine du mouvement pointilliste avec son ami artiste Georges Seurat.

Pour moi c’est une œuvre qui réchauffe le cœur et les yeux et on peut voyager à travers ce paysage en imaginant quelconque petit port que nous avons déjà vu ou imaginé dans nos vies respectives.

"Evidence"

Lien : https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/1v0Iy51

Dates : 20 oct. 2022 – 6 mars 2023

Rendez-vous au centre Pompidou.

Chers internautes, concernant cette exposition « Evidence » ce qu’il faut savoir : c’est une expérience immersive visuelle et sonore et donc le casque mis à disposition est bien sûr indispensable pour profiter totalement de l’immersion proposée.

Ce que vous allez voir c’est une installation résultat de la collaboration des Patti Smith, artiste pluridisciplinaire que peut-être vous connaissez déjà pour ses poèmes et sa musique, et le collectif Soundwalk Collective, dont Stéphane Crasneanscki est le fondateur et l’artiste central qui collabore pour cette œuvre avec d’autres artistes du même collectif. Cette exposition a été réalisé spécialement pour le Centre Pompidou. L’inspiration principale de cette œuvre, sont les textes de trois poètes français Antonin Artaud Arthur Rimbaud et René Daumal et leurs voyages réalisés.

Les artistes nous emmènent sur leurs pas, dans les montagnes en Éthiopie, dans la Sierra Tarahumara au Mexique, dans l’Himalaya en Inde, à travers des images, des prises de son et la voix de Patti Smith qui nous emporte.

Quand je suis arrivée dans la salle on devait être 4 au maximum et il y avait une femme déjà assise sur ce petit banc en bois très proche du sol et du coup cela m’a invité à m’asseoir, à faire comme elle, sur l’autre petit banc disponible. Ainsi je me disposait à être face à un grand mur qui projette des images figuratives où abstraites, en couleur comme en noir et blanc, et je commence mon voyage avec le son qui accompagne le rythme des images qui défilent et apparaissent sur 2 autres murs de la salle. La scénographie de la lumière nous invite à baisser la fréquence et à prendre le temps. De marcher dans cet espace ou plusieurs installations de type parfois totémique sont présentes, avec du minéral, du végétal, et un grand mur «dit d’investigations », fait de dessins, photos, objets, éléments graphiques, textes…avec notamment des dessins de cette montagne différemment représentée qui finit par nous obséder aussi au bout d’un certain moment, un texte sur l’histoire de l’enfant soleil et du poisson, et des mots qui se déroulent dans mes oreilles comment un rythme parfois proche de la transe.

Et ma circulation dans l’espace externe comme interne se déroule avec une certaine Évidence, je ne cherche pas ma place dans le lieu.

C’est un voyage sensoriel qui exprime la mystique des voyages entrepris par les trois poètes, mais aussi celui de ce duo d’artistes, qui fut physique pour Stéphane Crasneanscki, et interne (pour Patti Smith) puis ce voyage que nous faisons au moment de l’immersion, et tout cela nous renvoie enfin à nos propres pas.

Pour finir, je vous recommande fortement de lire le texte dans la salle d’entrée de l’exposition avec un dialogue entre les 2 artistes sur le mur qui est une prémice ou une sorte de dénouement à l’expérience vécue en tant que visiteur, selon que l’on choisit de lire ce dialogue avant ou après l’expérience immersive.

Parisiennes citoyennes !​

Engagements pour l'émancipation des femmes (1789-2000)​

Affiche de l'xposition musée Carnavalet Parisiennes citoyennes

Lien : https://www.carnavalet.paris.fr/expositions/parisiennes-citoyennes

Dates : 28 septembre. 2022 – 29 Janvier 2023

Vous êtes une femme, vous êtes parisienne, ou pas, alors allez voir cette exposition. Vous êtes un homme, vous avez n’importe quel âge, et vous êtes intéressé par l’histoire et les droits de vos amies, partenaires, mères, filles, etc. allez-y aussi.

Une rétrospective sur la conquête des droits des femmes et plus précisément le rôle des femmes à Paris, depuis la Révolution française.

Présentée au musée Carnavalet, un beau site historique parisien, l’exposition Parisiennes Citoyennes ! est un évènement culturel important, je trouve, car inédit, instructif, et nécessaire je crois.

Archives à découvrir, photographies, affiches, objets, films, on ne s’ennuie pas un instant; jusqu’à la fin, ou nous retrouvons la photographie de la pertinente œuvre performance de Orlan, Le baiser de l’artiste, de 1977 ou encore l’artiste Niki de Saint Phalle avec , tir première séance – deuxième séance shooting session, de 1961.

Ce fut un voyage chronologique riche, documenté, touchant, de cette histoire toujours en cours dans bien des endroits du monde, et dans certains espaces privés de l’hexagone.

Je pense d’ailleurs avec solidarité et non sans émotion, aux femmes iraniennes et aux hommes qui les soutiennent en ce moment même. Et plus largement à toutes les femmes qui se battent avec leur cœur et leur raison, pour faire reconnaître l’égalité des droits entre hommes et femmes dans l’espace public comme privé.

Je pense à un des derniers mots clefs de l’exposition  » Sororité »…

"Black Indians de la Nouvelle Orléans"

Dates :  04 oct. 2022 – 15 janv. 2023

Lien:https://www.quaibranly.fr/fr/expositions-evenements/au-musee/expositions/details-de-levenement/e/black-indians-de-la-nouvelle-orleans

On part au musée du Quai Branly avec la présentation de l’exposition Black Indians de la Nouvelle Orléans.

Pour ceux qui se déplaceraient exclusivement pour voir des plumes, des paillettes, des images du carnaval et du défilé des Black Indians de la Nouvelle Orléans, vous serez surpris, car c’est bien plus. Ce n’est pas un simple mardi Gras, avec une parade, car cet évènement puise ses racines à une époque où le ségrégation et le racisme systémique des blancs était puissant. Alors que la communauté blanche de la Nouvelle Orléans organisait le carnaval officiel, la communauté afro-américaine organisait en marge, son propre carnaval, un espace pour s’exprimer, investir l’espace public le temps d’une parade.

Les black Indians d’aujourd’hui sont des groupes afro américains formés en tribus, qui défilent chaque année au carnaval du Mardi gras de La Nouvelle-Orléans.

Donc certes vous verrez de splendides costumes (une trentaine) inspirés de la culture amérindienne, des images des parades, vous entendrez de la musique, au son de rythmes qui parlent au corps, mais c’est aussi une exposition qui retrace une histoire de l’oppression et une histoire de résilience.

Ce parti pris choisi d’une chronologie permet en fait de comprendre ce que l’on voit au début de l’exposition : ce costume éclatant The Big Chief Darryl Montana, ainsi que la vidéo ou l’on voit Daryl Montana, un homme né en 1955, arpenter une rue résidentielle des Etats Unis vêtu du costume de Big Chief. Le costume a été réalisé en 2014, il y a des rubans, des plumes, des perles, du caoutchouc, des textiles, tout ça dans un rose éclatant, un costume majestueux, inspiré de la culture Amérindienne. C’est lumineux et beau.

Puis tout de suite, on rentre dans les plaines ou vivent les Indiens d’Amérique :

costumes, coiffes, parures, chaussures, tomawak, pipe…puis très vite, c’est la conquête et la fondation de la Louisiane par la couronne de France, qui deviendra Espagnol puis finalement américaine. à partir de 1718, c’est aussi le début de cette sombre histoire ou depuis certains ports de France, des bateaux quittent l’hexagone et se dirigent vers la côte ouest africaine avec le dessein de priver de liberté une population dont la couleur de peau est différente, et de la réduire à une ressource exploitable ayant une valeur marchande, que l’on monnaie. Une animation nous montre les conditions de vie des personnes devenues esclaves transportées par un de ces bateau, du nom de « Aurore », qui les mène vers cette nouvelle terre, la Louisiane, en Amérique. Ce seront 15 millions d’esclaves qui seront vendus en Louisiane durant cette sombre époque.

On apprend que, dans cette histoire, les afro-américains et les indiens d’Amérique, deux communautés opprimées par un même agresseur, tissent des liens durables et fraternels.

On comprend alors mieux pourquoi les costumes des premiers Black Indians que l’on découvre, sont inspirés de la culture amérindienne.

Puis on traverse le temps avec les luttes pour l’émancipation, pour les droits, pour la dignité, en opposition aux mouvances suprématistes blanches comme le KKK.

Plus récemment, l’ouragan Caterina à travers le regard d’artistes contemporains et des archives, la cas George Floyd, et la prise du Capitole.

Arrive la dernière salle, et on repense au premier costume que l’on a vu en début d’exposition et là c’est l’apothéose, la célébration, une forme de libération et d’exultation nécessaire incarnée par la présentation de nombreux costumes. Vous y verrez également des photos et vidéos.

Ce qui ressort dans la dernière salle, c’est le mot Résilience, et pour moi Exemple.

J’ai trouvé que c’était une exposition riche d’un point de vue historique, culturel et esthétique.

Focus sur une œuvre

Je vais dans ce contexte vous proposer, de regarder une scène d’un épisode 01 saison 1 crée par David Simon et Eric Overmyer (produit et diffusé par HBO) en 2010 de la série appelée TREME, nom d’un quartier de la nouvelle Orléans.

Lien:https://m.youtube.com/watch?v=BMCN3Dv_G90

 J’ai choisi de vous montrer cet extrait car cette scène met en jeu et résume assez bien les problématiques d’aujourd’hui à la Nouvelle Orléans.

Que voit-on ?

On voit un homme Albert Lambreaux que l’on appelle aussi « Chief », habitant d’un quartier affecté par l’ouragan Caterina, dans la rue de nuit, arborer un costume à plumes splendide orange et jaune, avec une flamme sur la parure, il incarne un esprit. Il est majestueux comme un oiseau de feu, dans la pénombre d’une rue qui semble être de terre. Un ami voisin apparait et dans ce cours dialogue ce résume tout un contexte et un long chemin ou le mot Résilience résonne la aussi fortement.

Les personnes qui confectionnent ces costumes aujourd’hui, et font vivre cette tradition, sont souvent issus d’une classe moyenne plutôt précaire, le font sur leur temps personnel et financent eux-mêmes l’achat de matériaux nobles et couteux comme les plumes d’autruche, les coquillages et les perles. Et bien qu’ils reçoivent de petites subventions de l’Etat cela ne couvre pas les dépenses effectuées pour réaliser tel carnaval.

Enfin l’ouragan Caterina a énormément fragilisé la population afro-américaine de la Nouvelle Orléans alors majoritaire.

Donc cette célébration des Black Indians fait partie de la culture locale de la Nouvelle Orléans, et plus largement de la Louisiane, connue aussi aujourd’hui comme épicentre de la musique descendantes des esclaves afro-américains, comme le blues puis le jazz.

En savoir plus :

Si vous avez envie d‘en savoir plus sur le thème, avec un prisme musical, je vous recommande l’épisode La Nouvelle Orléans : la mystique Black Indians, issue du programme Les routes de la musique, présentée par André Manoukian.

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/sur-les-routes-de-la-musique/sur-les-routes-de-la-musique-du-lundi-08-aout-2022-2241211 .

Capitales - 60 ans d'art urbain à Paris

Lien : https://www.paris.fr/evenements/capitale-s-60-ans-d-art-urbain-a-paris-25905

Dates : du 15 octobre 2022 au 25 mars 2023.

Paris, Il de France, à ceux qui sont nés, ont grandi ou ont adopté la capitale et ses alentours, voici une exposition ou vous reconnaitrez sans aucun doute, des formes, des images ou des messages que vous avez croisés lors de vos marches urbaines.

La ville de Paris accueille jusqu’au samedi 11 février 2023 l’exposition « Capitales, 60 ans d’art urbain », une belle rétrospective sur le Street art avec la plupart des grands noms représentés, JonOne, O’Clock, Futura, Ash, Nasty, Mesnager, Miss Tic, Jean Faucheur, Andre, et plus récemment, des artistes comme Invader et Banksy. Vous trouverez des œuvres réalisées spécialement pour l’évènement, In situ, c’est-à-dire sur le lieu, et ce que j’ai apprécié aussi, ce sont les archives vidéo avec les reportages d’époque sur le sujet, et des documentaires plus plastiques comme l’expérience de la graffbox de Cristobal Diaz.

Alors qu’est-ce que le Street art ou art de Rue ? comme son nom l’indique le Street art est directement lié à l’urbanité, à la rue. Il est apparu dans les années 60 aux Etats-Unis (à Philadelphie d’abord puis à New-york). On le retrouve généralement sur les murs de la rue et du métro. Cet art consiste en l’utilisation de l’espace public mais aussi parfois privé, comme support d’expression et/ou de diffusion de messages : le tag, Graffiti, pochoirs, fresques, stickers, en sont des formes, et on a pu même voir plus récemment des installations. Accessibles, souvent éphémères et parfois subversives les œuvres du street art se réalisent souvent dans l’illégalité. (1min16). En France, le street art débarque avec le tag dans les années 80 et se développe dans les années 90.  

Pour continuer un peu la chronologie, dans les années 2000, le Street art est reconnu comme un art à part entière avec un moment de consécration au Grand Palais à Paris en 2009 avec une exposition invitant 150 graffeurs internationaux.

Donc pour résumer vous allez faire un chouette voyage si vous êtes sensible à ce mode d’expression qu’est l’art urbain. La Ville de Paris nous a gâté et rend un bel hommage à cet art protéiforme qui continue de nous surprendre au détour des rues de Paris.

Enfin, pour clôturer ce chapitre sur cette histoire d’utilisation des murs, comme vous le savez, écrire sur les murs est une pratique très ancienne chez les humains, à commencer par les murs des cavernes ; ou concernant, l’utilisation ou appropriation des murs dans l’espace public, à titre d’exemple, on peut citer les muralistes mexicains qui utilisaient cette forme subversive d’expression déjà au début du XXe siècle.

"Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort."

Chers internautes, j’espère que vous avez commencé l’année au mieux. Aujourd’hui nous allons au musée d’Orsay, un bien bel endroit, remplie d’histoires, que l’on peut visiter pour le lieu, sa collection permanente et ses expositions temporaires.

Jusqu’au 22 janvier 2023, le musée d’Orsay propose l’exposition Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort.

Lien:https://www.musee-orsay.fr/fr/agenda/expositions/edvard-munch-un-poemede-vie-damour-et-de-mort

La vie n’est pas un long fleuve tranquille et l’œuvre de Edvard Munch, artiste précurseur du mouvement expressionniste, pour une grande partie en exprime certaines formes ou saillies, comme l’inquiétude, le désarroi face à la mort, ainsi qu’un certain doute existentiel.
Alors vous allez peut-être penser  » woaaaw pour commencer l’année Solène qu’est-ce que tu nous fais ? ». En janvier il peut y avoir de forts coups de vent et des vagues de froid dans l’hémisphère nord, la nature n’en n’est pas moins belle.

Bien souvent quand on nomme l’artiste Munch on pense à l’œuvre si célèbre, Le cri, une peinture phare certes, mais qui fait aussi partie d’un processus de recherche mené par l’artiste dont cette exposition nous permet de mieux apprécier la frise de sa vie artistique liée à sa vie personnelle. Enfin, non, vous ne verrez pas la fameuse peinture Le cri mais je vous rassure vous pourrez au moins voir une lithographie de l’œuvre.

Dès qu’on arrive dans la première salle on est impacté en regardant l’œuvre l’Autoportrait à la cigarette par l’intensité qui se dégage du regard de l’artiste, qui apparaît plutôt halluciné dans un décor abstrait ou les couleurs de bleu, gris, pourpre, fusionnent entre son habit et l’arrière-plan, le tout éclairé en contre plongé, la lumière venant du bas, ce qui renforce cette étrange ambiance. Self-Portrait with Cigarette, 1895 by Edvard Munch . L’artiste a alors une trentaine d’années.

Je suis impressionnée par le regard des personnes représentées dans ces portraits, leur profondeur et intensité, dans l’œuvre Hans Jaeger de 1889, https://www.nasjonalmuseet.no/en/collection/object/NG.M.00485 , ou dans le portrait de Inger en noir et violet, une huile sur toile de 1892, https://www.nasjonalmuseet.no/en/collection/object/NG.M.00499 .

Ce qui m’a marqué, c’est le contraste entre l’intensité du regard et la disparition du regard dans les œuvres de Edward Munch. Quand les regards ne sont pas là, que l’expression disparaît des visages comme dans l’œuvre Désespoir. humeur malade au coucher de soleil de 1892, alors le ciel s’enflamme et ce qui se dégage du personnage au premier plan semble plutôt crépusculaire, https://www.wikiart.org/fr/edvard-munch/desespoir-1892 . Ce tableau est de la même année que Inger en noir et violet : il est intéressant de voir comment l’artiste peut exprimer avec intensité la présence, ou l’état psychologique d’une personne, que le regard soit présent ou pas. Mais surtout cette peinture doit vous être familière car ce sont les prémices d’une série et d’une œuvre bien connue Le cri.

Les visages verdissent et se déforment face à la mort et la maladie dans l’œuvre La lutte contre la mort, 1915, une huile sur toile de grand format.
Les regards disparaissent et les visages fusionnent dans Le baiser, une huile et détrempe sur toile datant de 1897 (100 × 81.5 cm), Le Baiser, 1897 – Edvard Munch – WikiArt.org . Le baiser s’obscurcit et devient Vampire, dans l’œuvre du même nom, tout aussi impressionnante de 1895. Les cheveux de la femme telles des flammes, finissent par absorber l’homme, la proie qu’elle semble mordre au niveau du cou.

Les émotions et états d’âme des individus représentés sont donc exprimés avec intensité, dans un style rendant visible les émotions comme le désarroi et l’incertitude. Émotions que l’on retrouve dans l’Enfant malade I, et dans Séparation I et Séparation II, https://www.nasjonalmuseet.no/en/collection/object/NG.K_H.A.19030 . Les lignes  organiques se tissent, tels des fils, qui sont cheveux et deviennent paysage.

Puis nous passons dans une salle où les paysages s’éclaircissent les bleus et verts contrastés avec des jaunes et oranges s’illuminent.
Je vous recommande l’observation de la série autour des œuvres Les dames sur le pont, et Les Jeunes Filles sur le pont dont plusieurs versions ont été peintes https://www.nasjonalmuseet.no/en/collection/object/NG.M.00844 et de vous attarder sur les quatre gravures sur bois qui présente les étapes de conception de l’œuvre finale où l’on voit progressivement les couleurs apparaître et l’œuvre se construire entre 1905 et 1927.
De même dans la série liée à l’œuvre Le baiser nous pouvons observer différentes versions et techniques, depuis le pinceau, en passant par la pointe sèche et la gravure sur bois. Je trouve que cela enrichit notre relation avec la matière, le support, l’outil et la démarche de l’artiste.

S’ouvre une série où se jouent des drames dans des petits espaces fermés avec 1 à 3 personnes au maximum.

Vous découvrirez également d’autres autoportraits de l’artiste, et que ce soit dans l’œuvre Autoportrait. Le promeneur nocturne, une huile sur toile de 1923 1924, Autoportrait après la grippe espagnole ou encore Autoportrait en enfer et je ne peux m’empêcher de sentir une forme de souffrance ou d’angoisse que l’on aimerait apaiser.

Enfin avant de sortir de l’exposition, L’œuvre La nuit étoilée nous aère de son ciel bleu et mauve dans le blanc de l’hiver.

Je peux comprendre que l’on n’ait pas envie de voyager dans cet univers ou le crépusculaire est souvent présent en cet hiver 2022-2023 mais, c’est bien plus riche que ça; car on peut apprécier la sensibilité de l’artiste et sa capacité à explorer ces espaces intérieurs de l’être humain et à les restituer plastiquement avec cette expression qui lui est propre et qui est si parlante.
L’œuvre Le cri, est très parlante, expressive, tellement, qu’elle a fait le tour du monde, qu’elle a pu parler en plusieurs langues, et on comprend pourquoi.

Informations accessibilité

Le Musée d’Orsay est accessible. Voici le lien. https://www.musee-orsay.fr/fr/vous-etes/visiteurs-individuels/handicap-accessibilite. Comme indiqué sur le site du musée : des audioguides sont disponibles gratuitement.

Mal voyants ou non-voyants : les Souffleurs d’Images peuvent aussi être présents pour les personnes ayant besoin d’un accompagnement visuel. Contactez le musée avant votre visite

Joan Mitchell et Claude Monet

Lien:https://www.fondationlouisvuitton.fr/fr/evenements/claude-monet-joan-mitchell

Dates : Du 05 octobre 2022 au 27 février 2023

Direction la fondation Louis Vuitton qui nous propose une exposition de peinture présentée comme une sorte de dialogue entre les œuvres de deux artistes issus d’époques différentes, Claude Monet, un peintre français impressionniste* né en 1840 à Paris, et une artiste femme américaine, Joan Mitchell, née en 1925 à Chicago, qui était une peintre expressionniste avec des œuvres de type abstraites. Deux regards sur la nature et l’impact de la lumière sur le monde vivant et changeant qui les entourent.

C’est une exposition qui invite à la contemplation et à la méditation, donc prendre le temps.
Par exemple, ne pas hésiter à s’assoir sur un des bancs face à une peinture qui retient votre attention, et s’offrir un moment juste dans le paysage proposé.
Joan Mitchell disait que la période qu’elle préférait de Monet était la dernière, celle qui correspond à celle exposé et effectivement j’avoue qu’avec le temps moi aussi je suis plus sensible à cette période de l’artiste, peut-être pour le choix des cadrages, le type de plan alors que pourtant on est toujours dans l’univers végétal.
On comprend le rapprochement posthume qui est fait entre les 2 artistes :
leurs regards sur la nature liés entre autre à leurs lieux de vie, de création et d’inspiration, Vétheuil pour Joan Mitchell avec la Seine et sa végétation environnante. Et pour Monet, son jardin de Giverny, haute source d’inspiration pour l’artiste, avec ses nymphéas, ses verts, la lumière et l’eau. L’on retrouve d’ailleurs des couleurs comme le bleu, le vert, le mauve et le violet dans leur palette, pour exprimer ces paysages vivants. Cependant, les touches et traces énergiques de John Mitchell sont bien différentes de Monet dont l’effet est plus aérien, dissout. Monet peint le paysage de façon impressionniste, avec sa sensibilité, Joan Mitchell peint ce que le paysage lui fait ressentir, en ressort une/des émotions en lien au paysage, incarnée par des couleurs, masses, lignes, tâches.
Mais l’œuvre de Joan Mitchell ne se réduit pas à ce parallèle avec Monet, son œuvre est bien plus ample. Et d’ailleurs, si vous êtes intéressé pour approfondir ou mieux comprendre l’œuvre de John Mitchell, vous pourrez prolonger votre visite en accédant à la rétrospective de cette artiste à la fondation également.

Accessibilité : https://www.fondationlouisvuitton.fr/fr/visiter/accessibilite

Alice Neel - un regard engagé

Lien:https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/JonpUmK

Dates : 5 octobre 2022 – 16 janvier 2023

Le centre Georges Pompidou nous invite à découvrir l’artiste peintre et portraitiste Alice Neel, assez peu connue en France.

Alice Neel est née en 1900 en Pennsylvanie – et décèdera en 1984 à New-York. C’est une artiste peintre américaine du 20e siècle, peu valorisée de son vivant comme d’autres artistes, qui a peint tout au long de sa carrière « son prochain », et principalement celui/celle qui est discriminé ou rejeté. Vous trouverez aussi des portraits d’individus plus connus comme celui de Andy Wharol.

Un terrain d’inspiration et d’action connu de l’artiste, c’est Harlem un quartier humble de New-york ou elle a vécu de 1938 à 1962.

Alice Neel est connue pour ses portraits, on comprend pourquoi. Ce qui frappe quand on regarde ceux présentés au centre Pompidou, c’est cette sensation de proximité, comme si le regard et l’empathie de l’artiste apparaissait ou transpirait à travers sa peinture et nous était aussi transmise pour voir « cet autre » un autre « je » traversant les aspérités de la société américaine.  Dans ses portraits, la représentation des visages et des corps est sans idéalisation ni concession, comme une forme de réalisme direct, qui s’éloigne de manière assumée des canons académiques. Ce point de vue plastique contribue à faire apparaitre la fragilité de la condition des individus et de certaines minorités représentées, par leur regard notamment, miroirs de l’âme dit-on.

Touchée par les différentes formes d’inégalités et de ségrégation, raciale, sociale, culturelle, politique ou sexuelle, on comprend que l’artiste est engagée à travers son art, notamment par le choix des individus représentés dans ses peintures. Sympathisante communiste ( ce qui lui vaudra d’être interrogée par le FBI en 1955 en raison de ses liens avec le parti) , Alice Neel est une outsider traversant modes et tendances mais également une féministe assumée. Cette artiste nous laisse une œuvre riche, empreint d’une forme d’humanisme radical, ou l’artiste rend visible les individus qui composent ses toiles. Témoin des luttes de son temps et de son monde, l’artiste dira :

« J’ai décidé de peindre une comédie humaine – comme Balzac l’avait fait en littérature. Dans les années 1930, j’ai peint les “Beats” de l’époque – Joe Gould, Sam Putman, Ken Fearing… J’ai peint El Barrio, le quartier portoricain de Harlem. J’ai peint les névrosés, les fous et les miséreux. J’ai peint aussi les autres, y compris des individus ordinaires. »

Il y aurait beaucoup de choses à dire encore sur cette artiste et les œuvres présentées, n’hésitez pas à faire vos recherches.

Ce qui m’a touché aussi dans son œuvre en général, c’est que le portrait comme genre pictural historiquement était plutôt réservé à l’élite, c’est à dire à la cour royale puis à la bourgeoisie par la suite, et Alice Neel rend le portrait à la société d’une certaine manière avec un regard engagé et sensible.

Focus sur une oeuvre

J’ai choisi de vous partager quelques mots à propos de l’œuvre Rita and Hubert, de Alice Neel.

https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/e1yQOe5

Cette œuvre a été réalisée à la peinture à l’huile, en 1954. Ses dimensions sont de 86.40 x 101.60 cm.

Que voit-on ?

On voit un couple, composé d’une femme et d’un homme, assis et adossés sur une surface avec des coussins, contre un mur, et enfin, un meuble contenant des livres situés à côté de l’homme.

On voit un couple dit « mixte » c’est à dire composé d’une femme de peau claire, Rita, et un homme afro-américain, Hubert d’après les informations fournies par le titre.

A ce propos, il est intéressant de savoir que le thème du couple mixte faisait partie de la vie de Alice Neel puisqu’elle a été mariée à l’artiste cubain Carlos Enriquez.

Donc ce tableau a été peint en 1954, à une époque où les couples mixtes n’étaient pas bien perçus par la société américaine. La même année, la ségrégation scolaire est enfin interdite par la Cour suprême aux US, cependant l’accès à l’université est encore impossible dans les Etats ségrégationnistes. Nous sommes à l’aube d’une lutte pour l’égalité des droits civiques.

De l’université, je pense à l’éducation, l’accessibilité. Je reviens à notre peinture, et je regarde les livres qui sont représentés à droite de Hubert, il est écrivain.

Je regarde ce couple peint, leur regard, leur position, leurs corps, leurs mains. Dans l’intimité d’un logement surement, je les regarde, elle, Rita, regarde Hubert, lui semble regarder au loin, ou dans le vide.

En me détenant sur leurs visages, je crois percevoir comme de la lassitude ou de la tristesse.

Mais il se dégage malgré tout une atmosphère chaleureuse, notamment par le choix des couleurs : Le rose lumineux sur la partie gauche du mur et le pull bleu font ressortir le visage de Rita. Hubert est placé sur un fond plus sombre avec une chemise à motifs colorés de type bucheron, qui s’impose dans la scène, ou on trouve du rouge et du jaune qui contrastent avec le noir.

Hubert Satterfield, l’homme représenté dans la peinture, est apparemment un écrivain de gauche (comme je vous l’ai dit, Alice Neel est sympathisante) et Rita la femme représentée, est sa compagne, et je n’ai pas trouvé d’informations sur elle.

Pour clôturer ce petit focus sur cette œuvre, On comprend que choisir de représenter un couple mixte en 1954 alors que ce type de relation était jugée à l’époque comme transgressive, est un acte engagé en soit. Enfin, dans les années 50, Alice Neel a représenté d’autres artistes et intellectuels noirs engagés en faveur des droits civiques et des travailleurs.  (comme l’universitaire Harold Cruse, la comédienne et dramaturge Alice Childress ou encore l’écrivain Alvin Simon.)

En savoir plus sur l’artiste:https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/personne/dCdtQFO.

Accessibilité:lieu accessible, https://www.centrepompidou.fr/fr/visite/accessibilite.

Sources - webographie